Maintenant tout est bien. Marc Marronnier a le hoquet, il bave sur sa cravate à pois. Joss Dumoulin diffuse l'intro de « Whole lotta love » de Led Zeppelin. Les choses prennent tournure.

Dessus la table flotte une odeur de dessous de bras. Le dîner dégénère comme prévu. Douches de Champagne, seaux à glace en guise de chapeaux, broncho-pneumonie en option. On danse sur les nappes. Cette année, la nymphomanie se portera collective. Les torses seront nus, les lèvres entrouvertes, les langues pointues, les visages mouillés.

Des filles attachées boivent du bourgogne aligoté. Des garçons mal élevés se mirent dans du verre dépoli. Les Hardissons vendent leur bébé aux enchères ; Helmut Berger branle du chef ; Tounette de la Palmira pue l'excrément ; Guillaume Castel est amoureux. Personne ne s'ouvre encore les veines.

Les liqueurs ne sont pas encore avalées que déjà les maîtres d'hôtel poussent les tables pour dégager la piste de danse. Joss va bientôt entrer en scène pour de bon. Marc décide d'aller le déranger en plein boulot.

— Tu connais, hips, la différence, hips, entre une jeune fille du XVIe arrondissement, hips, et une jeune beur de Sarcelles ?

— Écoute, j'ai pas le temps, là, soupire Joss, accroupi sous ses platines en train de choisir des disques.

— Eh bien, hips, c'est simple : la jeune fille du XVIe a de vrais diamants, hips, et de faux orgasmes... alors que la jeune beur, hips, c'est le contraire.

— Très marrant, Marronnier. Excuse-moi, mais je peux pas te parler maintenant, OK ?

Une fille potable, adossée au sas du disc-jockey, intervient soudain :

— Marronnier ? J'ai bien entendu Marronnier ? Vous voulez dire que vous êtes LE Marc Marronnier ?

— Lui-même, hips ! À qui ai-je l'honneur ?

— Mon nom ne vous dira rien.

Joss les pousse hors de sa cabine. Ils ne s'en aperçoivent même pas et atterrissent sur deux tabourets au coin du bar. La fille n'est pas très jolie. Elle poursuit :

— Je lis tous vos articles ! Vous êtes mon idole !

Et d'un seul coup, c'est marrant, Marc la trouve beaucoup moins moche. Elle porte un tailleur coincé de femme active, genre attachée de presse. Son visage, assez carré, masculin, semble avoir été dessiné par Jean-Jacques Sempé. Ses jambes sont restées fines malgré des années d'équitation au Polo de Bagatelle.

— Ah bon ? dit Marc (toujours à la pêche aux compliments), vous aimez mes bêtises ?

— J'adore ! Vous me faites mourir de rire !

— Dans quel journal m'avez-vous lu ?

— Euh... Partout !

— Mais y a-t-il un article que vous ayez préféré ?

— Eh bien... tous !

A l'évidence, cette fille n'a jamais rien lu de Marc, mais quelle importance ? Elle lui a fait perdre son hoquet, c'est déjà quelque chose.

— Mademoiselle, est-ce que je peux vous offrir une limonade ?

— Ah non ! s'énerve-t-elle. C'est moi qui vous l'offre ! Je suis attachée de presse, je ferai une note de frais !

Marc avait deviné juste. Il est bel et bien en présence d'un spécimen de ce que les ethnologues appelleront plus tard la « femme des années quatre-vingt-dix » : moderne, impossible, avec des mocassins plats en daim. Il n'en revient pas que ça existe vraiment, et encore moins d'en approcher une d'aussi près.

Avant de la brutaliser sur le bar, il veut tout de même vérifier un dernier truc :

— Pourquoi êtes-vous attachée de presse ?

— Oh, ce n'est qu'une première expérience professionnelle. Mais tout à fait positive.

— Oui, mais pourquoi avoir choisi les relations presse ?

— Pour le contact, principalement. On rencontre beaucoup de people, vous savez.

— Pourquoi ?

— Ben... C'est un secteur complètement porteur au niveau des débouchés communicationnels. En période de morosité, il faut savoir s'orienter dans les branches à fort potentiel de croissance. Des pans entiers de notre économie sont menacés de mort !

Ouf. Marc est soulagé. Son théorème reste valable, même si ce dernier cobaye a mis un certain temps pour réagir. Il faudra en tenir compte dans ses calculs : le troisième « pourquoi » entraîne chez les attachées de presse un temps t de latence avant la réaction nécropositive.

Il prend la fille par la taille. Elle se laisse faire. Il lui caresse le dos (elle porte un soutien-gorge à trois crochets, de bon augure). Il approche lentement son visage du sien... quand soudain toutes les lumières s'éteignent. Elle tourne la tête.

— Que se passe-t-il ? dit-elle en se levant et l'entraînant sur la piste de danse.

Une clameur monte de la foule des invités amassés sous la bulle du DJ. La tête de Joss Dumoulin transperce l'obscurité, éclairée d'un faisceau orangé. Il ressemble à une citrouille d'Halloween (en smoking croisé).

— La nuit se lève, lâche-t-il dans son micro sans fil.

— JOSS ! JOOOSS ! gueulent ses fans.

Son visage disparaît à nouveau dans le noir. Les Chiottes sont plongés dans les ténèbres. Quelques briquets s'allument, et s'éteignent vite : on n'est pas chez Bruel, et puis ça brûle les doigts, ces conneries. Au bout d'une longue minute de sifflets et de hurlements, Joss envoie le premier disque.

Une voix d'outre-tombe en quadriphonie. « JEFFREY DAHMER IS A PUNK ROCKER. » Cris de la salle. Un battement techno incroyablement rapide vrille les tympans de Marc et la piste de danse n'est bientôt plus qu'une vague de corps en rythme ondulatoire. Joss est entré dans le vif du sujet. Il envoie vite le stroboscope blanc et les fumigènes parfumés à la banane. Philippe Corti fait sonner une corne de brume dans l'oreille de Marc, le rendant sourd pendant le prochain quart d'heure.

On ne devient pas le meilleur-disc-jockey-du-monde-de l'année par hasard. Joss sait qu'il n'a pas le droit à l'erreur. Une fois la soirée lancée, il pourra se laisser aller à passer des disques plus originaux. Pour le moment, il n'a qu'un seul souci : que la piste de danse ne désemplisse pas. L'angoisse du disc-jockey au moment de l'enchaînement.

L'attachée de presse dessine des cercles imaginaires avec les bras. Serge Lentz fait un clin d'œil à Marc, le pouce levé, en signe d'approbation. Ce dernier hausse les épaules. Il trouve qu'elle danse très mal. Or il a entendu dire qu'une fille qui danse mal est forcément un mauvais coup. « Est-ce aussi vrai pour les garçons ? » se demande-t-il en soignant ses mouvements.

Qui sont tous ces gens ? Un cauchemar de disc-jockey. Des sauvages cravatés. Des dandies sales. Des aristocrates psychédéliques. Des lurons saturniens. Des noceurs divorcés. Des danseurs vénéneux. Des glandeurs besogneux. Des mendiants hautains. Des marionnettes nonchalantes. Des squatters crépusculaires. Des déserteurs belliqueux. Des cyniques optimistes. Bref, une bande d'oxymores ambulantes.

Ils cumulent des oreilles décollées, des parents célèbres, des montres onéreuses. Ils vivent à fleur de peau de chagrin. Joss Dumoulin ? Ils n'en feront qu'une bouchée.

Le disc-jockey sait à quoi s'en tenir. Il ne prend pas de risques. Jugez plutôt par vous-même :

 

playlist « les chiottes opening night »
dj : joss d.

1)Lords of Acid : « I sit on acid ». The double acid mix.

2)Electric Shock : « I'm in charge ». 220 volts remix.

3)The Fabulous Trobadors : « Cachou Lajaunie »

4)Major Problem : « Do the schizo ». The unijambist mix.

5)WXYZ : « Born to be a larve » (Madafaka Records).

 

Marc aurait préféré un choix différent :

 

playlist « les chiottes opening night »
dj : marc m.

1) Nancy Sinatra : « Sugar Town ».

2) The Carpenters : « Close to you ».

3) Sergio Mendes and Brasil '66 : « Day tripper ».

4) Antonio Carlos Jobim : « Insensatez ».

5) Ludwig van Beethoven : « Les Bagatelles » op. 33 et 126.

mais ce n'est pas lui qui décide*.

 

* Il était « easy-listening » avant l'heure ! (N.d.A. content de lui).

 

Marc rêve d'atteindre le style du stroboscope. De danser comme la vidéo quand on appuie sur la touche « image par image ». Il admire la techno pour cette seule raison : vous en connaissez beaucoup, vous, des musiques capables de faire bouger autant de monde avec si peu de notes ?

Joss descend sur la piste un mur de moniteurs et de scanners. Donne-nous aujourd'hui notre dose quotidienne d'images fractales et de spirales soûles. Le disc-jockey ne mélange pas seulement les sons, il veut tout marier : la prière, les clips, les amis, les ennemis, les lumières et les endorphines. La Grande Ratatouille Nocturne. Marc a le vertige. Il comprend qu'il se trouve dans la nuit définitive. Que cette soirée pourrait bien être sa dernière : la Nuit de la Fête Ultime.

C'est Paris dans la danse, un début d'apothéose. La multitude de corps en lévitation gracieuse. Ils ne font plus qu'un dans le tempo métronomique des boîtes à rythme. Les têtes ne portent qu'un seul corps, et cette pieuvre n'émet qu'un seul cri, monstrueux de pureté. Les dévots cyclothymiques s'aiment en cadence. La house acidulée soude les somnambules. Tous les noctambules ont peur du noir. Bienvenue dans la nouvelle église païenne à laser holographique tridimensionnel : rejoins-les vite, ceux qui croient dans le néo-disco. Tu n'étais plus sûr de rien, tu hésitais, mais à présent tu es revenu et tu ris aux éclats, et des larmes de bonheur font dégouliner ton eye-liner car TON HEURE EST VENUE.

 

Les bras se lèvent doucement, les jambes martèlent le sol, les boucles d'oreilles s'agitent, hochets iridescents, la lumière noire allume le blanc des yeux, et merde, on voit tes pellicules ! Tourner la tête, à droite, à gauche, des cheveux volants, des fesses balancées, c'est le carnaval des muscadins, un jamboree bisexuel ! Désormais, la seule chose qui intéresse Marc, c'est de savoir sur qui il va renverser le prochain verre.

La tête lui tourne. Tournicotis, Terracotta. Ses pulsions autodestructrices le reprennent : « On devrait toujours se tuer en public. À la rigueur, je comprends qu'un meurtre puisse être discret, mais le suicide se doit d'être exhibitionniste. Aujourd'hui, le seul suicide possible pour un Mishima moderne, c'est en direct à la télévision, de préférence pendant le prime-time. Ne pas oublier de programmer le magnétoscope. La cassette VHS servira de lettre d'adieu. »

Quelle danse choisir ? Va-t-il exécuter le « Tortue Twist » (remuer les quatre membres, allongé par terre sur le dos) ? Se lancer dans le « Question Mambo » (tourner en dessinant un point d'interrogation avec l'index droit) ? Exécuter la périlleuse « Fatwa météorologique » (enfoncer le pied dans la gorge de votre cavalière tout en l'énucléant en rythme, tourner à 45 degrés, répéter « AYA-TOL-LAH » sept fois crescendo, rendre votre dîner sur toute personne ressemblant physiquement à Alain Gillot-Pétré – voire le vrai, si possible – puis recommencer l'enchaînement ad lib) ?

Marc opte en fin de compte pour sa danse préférée : la « Tachycardie ».

Sur le sol, il sait ce qu'il veut.

Il veut une suave irréalité.

Il veut des musiques multicolores et des alcools à talons hauts.

Il veut qu'on se coupe les doigts en lisant ses pages.

Il veut bondir comme le vu-mètre de sa chaîne hi-fi.

Il veut voyager par fax.

Il veut que tout n'aille pas trop mal, mais que tout n'aille pas trop bien non plus.

Il veut dormir les yeux ouverts, pour ne rien rater.

Il aurait aimé tenir l'alcool.

Il veut des caméscopes à la place de ses yeux, avec son cerveau pour salle de montage.

Il veut que sa vie soit un film de Roger Vadim Plemiannikov datant de 1965.

Il veut qu'on lui fasse des compliments en face et qu'on dise du mal de lui dans son dos.

Il ne veut pas être un sujet de conversation. Il veut être un sujet de dispute.

Par-dessus tout, il veut un beignet à l'abricot, bien poisseux, et le manger assis sur du sable en regardant les vagues, n'importe où. La confiture collera aux doigts, il faudra les lécher, cette débauche de sucre sous le soleil, de quoi finir caramélisé. Un avion traversera stupidement le ciel en traînant une pub pour une crème solaire. Alors il étalera la confiture d'abricot sur son visage et défiera les rayons ultra-violets en ricanant dans le vide.

Une femme chantera
Sous la véranda
Manuel de Falla
En Alcantara.

Y aura-t-il des bougainvilliers ? OK. Va pour les bougainvilliers. Et une pluie tropicale aussi, diluvienne ? Bon d'accord, mais juste à la tombée du jour, pendant les cinq minutes qui suivent le rayon vert. Et surtout, n'oubliez pas le beignet à l'abricot. Zut, un beignet à l'abricot, c'est tout de même pas compliqué ! Marc ne demande pas la lune !

— Alors, Marc, on fatigue ? devine l'attachée de presse en lui tendant la main pour le relever.

Il recommence à danser en s'époussetant. Il baisse les yeux. Sa tête tourne. La soirée commence à peine et il a déjà la gueule de bois. No eye contact. Croiser trop de regards est anxiogène, en particulier pendant un titre de speed-core quand la lumière rasante découpe une forêt de bras levés. Les épaules luisantes de ses voisines réfléchissent les rayons laser comme autant de cataphotes miniatures. Il regarde ses chaussures en attendant le gong, tout en sachant que celui-ci n'arrivera qu'après le KO. N'est-ce pas ce qu'il est venu chercher ici : quelque chose à regarder, au milieu de ces absents qui ont toujours raison ? Et ces deux chaussures de luxe ne sont-elles pas surtout deux pieds sur terre ?

Chacun se débat comme il peut. Certains cherchent à engager des conversations malgré le bruit. Ils sont condamnés à se répéter souvent et à torturer des oreilles frappées d'hypoacousie. Dans la ballroom, personne ne vous entendra crier. Le plus souvent, ils échangent moins des propos que des faux numéros de téléphone, griffonnés sur le dos d'une main en espérant mieux.

D'autres gardent leur verre à la main en dansant et se donnent une contenance instable en le portant à leurs lèvres, contenance qu'il leur arrive de perdre quand un coup de coude malvenu éclabousse leur plastron. Dans la mesure où l'on ne peut ni boire ni parler sur cette piste, la contemplation de ses souliers semble à Marc une occupation éthiquement supportable.

N'allez pas croire que l'absurdité de la situation puisse lui échapper. Au contraire, jamais il n'a été plus conscient de sa condition de jeune idiot des beaux quartiers, qu'en se secouant sur ce sol de marbre blanc, s'imaginant rebelle alors qu'il n'est que privilégié, seul au beau milieu d'une troupe de blasés enthousiastes, sans aucune excuse valable, tandis que des millions de gens couchent dehors par moins 15 degrés sur des morceaux de carton déchirés. Il sait tout cela, et c'est aussi pourquoi il baisse les yeux.

Par moments, Marc se regarde vivre, à la façon de ces gens qui, frôlant la mort, sortent de leurs corps et se voient de l'extérieur. Marc est alors sans merci, il déteste ce grand con, il ne lui passe rien. Cependant il finit toujours par réintégrer son enveloppe corporelle, en maugréant.

A défaut d'être pardonnées, sa honte, son impuissance, pareille capitulation peuvent s'expliquer. Qu'y peut-il ? Le monde ne veut plus changer. Regarder ses chaussures dans une boîte de nuit et draguer une attachée de presse, voilà le seul idéal du moment. Il se souvient de la fameuse histoire du rince-doigts, qu'on attribue tantôt au général de Gaulle, tantôt a la reine Victoria. Un roi africain, reçu très cérémonieusement au palais, avait bu l'eau de son rince-doigts à la fin du repas officiel. Par diplomatie, le chef de l'État réceptionnaire avait aussi porté le récipient à ses lèvres et l'avait entièrement vidé, sans broncher. Tous les invités présents en avaient fait autant.

Cette anecdote lui paraît une parabole de notre temps. Nous menons tous des vies absurdes, grotesques et dérisoires, mais comme nous les menons tous en même temps, nous finissons par les trouver normales. Il faut aller à l'école au lieu de faire du sport, puis à la fac au lieu de faire le tour du monde, puis chercher un boulot au lieu d'en trouver un... Puisque tout le monde fait pareil, les apparences sont sauves. Le but de notre époque matérialiste est d'étancher les rince-doigts.

— Mon prochain livre s'intitulera « la Soif du rince-doigts », dit Marc à l'attachée de presse des années quatre-vingt-dix. Ce sera un essai sur la société post-lipovetskienne. J'en vendrai huit exemplaires.

Ils sont retournés au bar. Elle sourit, découvrant de belles dents blanches, mais voilà que Marc se lève très vite, bredouille de vagues excuses et s'enfuit, car un petit morceau de laitue est resté coincé entre les incisives de la demoiselle, ridiculisant son sourire à jamais.

Dommage, il ne saura jamais son prénom.

Vacances Dans Le Coma: Roman
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